Pourquoi une bande de sept jeunes a-t-elle agressé lundi après-midi Teddy, 18 ans, élève sans problème, devant le lycée Colard-Noël, réputé tranquille ? Des élèves témoins parlent d'une accusation de racisme. La police semble en tout cas prendre l'affaire très au sérieux, et a d'ores et déjà accentué sa présence aux alentours de l'établissement. L'élève a été hospitalisé pour contrôle.
Tout est-il parti d'une histoire de veste de marque estampillée « utilisée par les racistes » ? Cheyenne, jeune élève de l'établissement, était à l'intérieur lorsque les choses se sont passées. Mais elle a, dit-elle, parlé à l'un des témoins de la scène. « Apparemment, les jeunes en question n'ont pas apprécié qu'il porte une veste comme ça. Mais c'est idiot, ils ne savent pas que la marque en question a été promue depuis longtemps par des boxeurs noirs » (lire par ailleurs).
Comme tous les autres réunis devant l'établissement au lendemain de l'agression, la jeune fille parle avec prudence. Les mots sont choisis. Tout juste évoque-t-on, sans vouloir cristalliser l'attention dessus, l'origine maghrébine supposée des agresseurs. Personne ne veut monter en épingle cette histoire, ni inquiéter toute la population scolaire de cet établissement réputé tranquille. Tout le monde a en tête les échauffourées de Chauny de ces derniers mois, et personne ne veut bien sûr en arriver là. « Devant le lycée Colard-Noël, effectivement, une agression de ce type, c'est une première, confirme le commissaire central David Boileau. Nous avons déjà renforcé notre présence aux alentours, le temps que les choses s'apaisent. » Des « procédures » sont en cours, elles deviennent « prioritaires ». Les auteurs des faits sont, bien sûr, recherchés.
« Balayette »
De son côté, le proviseur Jean-Claude Iste ne fuit pas les questions, mais répond de façon très mesurée. En tant que chef d'établissement, et en attendant que l'enquête confirme ou infirme l'hypothèse, il préfère s'en tenir aux faits. « L'élève
lui-même ne comprend apparemment pas pourquoi on lui est tombé dessus. Lundi après-midi, vers 17 h 30, ce lycéen qui ne pose aucun problème, a été pris à partie en-dehors du lycée, par six ou sept jeunes semble-t-il extérieurs à l'établissement. On n'a même pas eu le temps de dire ouf. On lui aurait apparemment fait une « balayette » (un croche-pied, N.D.L.R.) »
Selon certains récits, une fois à terre, Teddy a été « roué de coups ». Le tout a duré « pas plus de quelques minutes ». En tout cas, physiquement, il s'en sort bien. Le proviseur poursuit : « Il a été hospitalisé pour radios de contrôle, et a été gardé en observation. » Comme c'est l'usage dans ce cas-là, il a averti la police et le Rectorat.
Sa conclusion, très posée, résume sans doute l'état d'esprit général. Pas de catastrophisme, mais une vigilance accrue : « La violence ponctuelle existe depuis longtemps au sein des établissements. Souvent, une rivalité amoureuse en est à l'origine. Là, ce qu'on voudrait comprendre, c'est pourquoi. »
LONSDALE, LA POLEMIQUE
Citons-la, parce qu'elle fait parler d'elle, et depuis des années, souvent au grand dam de ses responsables : La marque Lonsdale est au départ une marque londonienne de vêtements et d'équipements de boxe qui existe depuis 1960. Elle a été portée notamment par d'illustres boxeurs noirs. Muhammad Ali, Mike Tyson, entre autres. Mais aujourd'hui, on parle souvent de cette marque comme devenue le signe de ralliement d'une certaine jeunesse néonazie, dans toute l'Europe. Au désespoir de ses ambassadeurs, qui martèlent : « Les jeunes Lonsdale
n'existent pas ! »
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