SECURITE
Sécurité des seniors : l'opportunisme d'Hortefeux
NOUVELOBS.COM | 02.02.2010 | 14:38
Le ministre de l'Intérieur continue son opération de communication après la mort d'un couple de retraités assassiné dans son pavillon de l'Oise.
Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux (AFP)
Vendredi 30 janvier, la procureure de Senlis Chantal Berger annonçait à la presse la découverte dans un pavillon de Pont-Sainte-Maxence (Oise) d'un couple de retraités tué avec un couteau de cuisine. "Un homicide d'une grande violence", selon la procureure : "Les deux décédés portaient de nombreuses ecchymoses et de nombreuses traces de coups à l'arme blanche", 60 pour la femme, et 27 pour son époux, a-t-on appris de source policière.
Agés tous deux de 76 ans, Thérèse Prevost et son mari, Jacques, qui habitaient depuis plus de vingt ans dans leur habitation, sont décrits dans la foulée par le commandant du groupement de gendarmerie de l'Oise Ronan Le Floc'h comme des "gens simples" vivant de leur retraire après avoir travaillé de longues années dans l'usine sidérurgique Sollac de Montataire, à une vingtaine de kilomètres de Pont-Sainte-Maxence. Bien qu'aucun mobile n'apparaisse clairement au premier jour de l'enquête, il semble, selon la gendarmerie, que le pavillon ait été "fouillé et du matériel électro-ménager a sans doute disparu".
Ni une, ni deux, le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux annonce dès le lendemain soir au journal télévisé de TF1 un durcissement de la loi pénale pour les crimes et délits commis à l'encontre des personnes vulnérables, en particulier les personnes âgées. Intervention immédiatement qualifiée par le Parti socialiste de "nauséabonde et grossière [...] exploitation d'un fait divers". "On aggravera la sanction pénale [...] ce n'est pas la même chose d'agresser ou de cambrioler un quadragénaire ou quelqu'un qui a 85 ans", indique de son coté Brice Hortefeux sur le plateau du 20h, renouant avec les pratiques de son mentor Nicolas Sarkozy qui, lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, réagissait fréquemment après un fait divers pour réclamer publiquement un durcissement des lois.
MAM contre-attaque
L'intervention du ministre de l'Intérieur provoque immédiatement l'ire des syndicats de magistrats et de la ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie. Les premiers considérant ses propos "démagogiques" car "ils laissent à croire qu'on fait quelque chose, mais parallèlement on baisse le nombre de policiers et de magistrats", selon Christophe Régnard, qui ajoute que "tout est basé sur le principe de dissuasion de la peine [qui] ne marche pas", alors même que les circonstances aggravantes existent déjà dans le code pénal. La garde des Sceaux, dans une énième illustration des traditionnelles tensions entre la place Beauvau et la Chancellerie, a quant à elle rappelé au ministre de l'Intérieur que "les propositions en matière pénales sont faites soit par le ministre de la Justice, soit par les parlementaires".
Thème de campagne
L'annonce de Brice Hortefeux, qui reprend l'un des thèmes de prédilection du Parti majoritaire, à savoir la sécurité, peut paraître opportune en pleine campagne pour les régionales. Elle intervient en réalité quelques jours à peine après la validation par la commission des lois d'un amendement du gouvernement au projet de loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (LOPPSI 2) - projet de loi présenté le 3 juin 2009 par Michèle Alliot-Marie, alors ministre de l'Intérieur, que Brice Hortefeux avait promis de "bodybuilder" dès sa nomination place Beauvau. L'amendement modifie les articles 311-4 et 311-5 du code pénal sur les vols aggravés et prévoit notamment qu'"un vol commis au préjudice d'une personne âgée" sera désormais puni, après validation de la LOPPSI 2 présentée à l'Assemblée nationale le 9 février prochain, de "7 ans de prison et 100.000 euros d'amende" (au lieu de 5 ans et 75.000 euros d'amende), et de 10 ans d'emprisonnement et 150.000 euros d'amende" en cas de vol commis avec violence.
Mar 2 Fév - 19:11
