Un viticulteur bio jugé pour avoir utilisé une appellation protégée sur ses étiquettes
JUSTICE – Ayant fait le choix de l’agriculture biologique, Olivier Cousin est poursuivi pour avoir mentionné l’origine de sa production sur ses bouteilles…
Il a prévu de se rendre au tribunal avec ses deux chevaux de traie et sa petite carriole. Histoire de bien montrer sa différence avec ceux qu’il nomme les «viticulteurs standardisés». Originaire de Martigné-Briand (Maine-et-Loire) Olivier Cousin sera jugé, ce mercredi, pour «publicité mensongère et trompeuse» par le tribunal correctionnel d’Angers. Pour avoir apposé l’origine de sa production sur ses bouteilles, ce quinquagénaire encourt une peine de deux ans de prison et 37.500 euros d’amende.
Sur les bouteilles, ni appellation ni cépage
Car l’Anjou est une appellation d’origine protégée (AOP). Et ne peuvent s’en prévaloir que ceux qui y adhèrent. Or Olivier Cousin a décidé de quitter le cénacle de l’AOP en 2004. «Il trouvait que les règles pour que le vin mérite l’appellation n’étaient pas assez strictes, résume Eric Morain, son avocat. Il ne voulait donc pas être mélangé avec les autres producteurs de vin standardisés. D’autant qu’il avait remarqué que plusieurs producteurs bénéficiaient de l’appellation grâce à leurs simples liens de copinage…»
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Sauf qu’en quittant l’AOP, ce viticulteur au catogan et à la barbe fournie a également perdu le droit de spécifier l’origine de sa production. «Il a mentionné ‘’Anjou’’ sur 2.300 bouteilles. Or il n’avait plus le droit. Il ne pouvait même plus spécifier le cépage…», poursuit Eric Morain.
«Un vin de table» servi dans les restaurants trois étoiles
En délicatesse avec la fédération des vins d’Anjou, Olivier Cousin se voit alors proposer l’appellation de «vin de table». Il refuse. «C’est synonyme de vin de merde!», lâche-t-il alors. Car sa petite production de 20.000 à 30.000 bouteilles par an est très prisée. «On la retrouve à la carte de l’hôtel Balzac ou chez Alain Passard à Paris, s’emporte son avocat. Que des restaurants trois étoiles au Michelin…» Même le célèbre Noma de Copenhague, couronné du prix du meilleur restaurant au monde en 2010, 2011 et 2012, le propose à ses clients.
«Aujourd’hui, il est rentré dans le rang en changeant plusieurs fois ces étiquettes, raconte Eric Morain. Mais c’est tout de même surprenant de ne pas pouvoir mettre Anjou sur de très bons vins produits en Anjou…» C’est la ligne de défense qu’Olivier Cousin devrait développer à la barre ce mercredi. En espérant que le tribunal sache associer bon sens et bon goût.
http://www.20minutes.fr/societe/1314446-20140304-viticulteur-bio-juge-avoir-utilise-appellation-protegee-etiquettes