Rue de la Goutte d’Or :
« Si ça continue, on va occuper les églises »
La semaine dernière, Hugues Serraf, dans une chronique parue sur Rue89, questionnait :
« Les gens qui prient dans les rues, pour autant, sont-ils vraiment ces “musulmans lambda” affectés par un manque cruel de mosquées ? Rien n’est moins sûr. »
Selon lui, la plupart des habitués de la rue Myrha se rendraient en RER à Paris. Des extrémistes qui militent pour la fabrication de mosquées. Qui vient prier dans cette mosquée ? A peu près tout le monde.
Témoignages :
Si ça continue, on va occuper les églises qui se vident. Ce sont aussi des maisons de Dieu.
► Mohamed, Paris XVIIIe
« Ce n’est pas la neige qui va nous empêcher de prier. Le but, c’est de montrer qu’on existe, que les musulmans français ont des droits. Il y en a marre d’être stigmatisé comme ça et de voir les hommes politiques nous faire des promesses juste avant les élections. Si ça continue, on va occuper les églises qui se vident. Ce sont aussi des maisons de Dieu. »
► Leid, Seine-Saint-Denis
« Il y a des mosquées à Aubervilliers mais les imams s’expriment en français. Ici, l’imam s’adresse à nous en arabe. C’est important pour nous parce qu’Allah, c’est en arabe, c’est la langue de Dieu. L’imam aussi a une bonne réputation. Je prie ici depuis six mois, avant j’étais en Angleterre mais je ne savais pas trop où étaient les mosquées. »
► Morad, Seine-Saint-Denis
« Tous les vendredis, j’essaye de venir ici. Sinon je prie à La Courneuve. Ça me rappelle le bled, le quartier est arabe et on se connaît bien. Les gens viennent de loin parce qu’ici, ils sont sûrs de voir les copains. »
► Lasana Bachili, Paris XVIIIe
« J’habite dans le quartier, je viens tous les vendredis sauf quand je travaille. Si j’ai choisi cette mosquée c’est parce qu’elle est proche de chez moi mais aussi parce que j’apprécie les prêches que l’imam fait, c’est un modéré. »
► Meena Djelaoui, Val-d’Oise
« Je viens tous les vendredis à l’heure de la prière. Comme je travaille à la mairie de Paris, je viens ici, c’est plus pratique. Mais c’est aussi parce qu’il y a beaucoup de convivialité, j’aime la chaleur humaine qui se dégage de ce lieu. »
► Ramid, Paris XVIIIe
« Je prie dans cette mosquée depuis cinq ans et à l’époque, c’était déjà problématique. Ça ne m’arrange pas de prier dehors mais je ne vais pas rester chez moi le vendredi ! C’est un peu un centre pour les musulmans ici, c’est populaire et chaleureux. Je ne crois pas que les gens prient là pour provoquer, ils viennent parce que c’est un quartier musulman. Regardez dans les autres mosquées, ils ont le même problème, il n’y a pas assez de places. »
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