Pour mieux comprendre leur idéologie Sataniste :
L'œuvre satanique pendant la durée du XVIIIe siècle présente un caractère tout particulier : Satan se fit encyclopédiste et franc-maçon.
Veuillent ou ne veuillent pas les francs-maçons de tout ordre et de tout grade, ils sont fils de gnostiques, et leurs origines se confondent avec celles des sociétés sataniques du moyen âge. A Dieu ne plaise que nous leur imputions, même en un seul point et pour un seul moment, les mœurs et pratiques de tels ancêtres. Ils sont fils de vilains, mais décrassés et devenus grands seigneurs.
On a voulu rattacher la franc-maçonnerie à Adam, à Noé, à Salomon, à Zoroastre, à Mercure Trismégiste, à Romulus, à Charlemagne, à Godefroy de Bouillon , à Jacques Molay, à Cromwell ; on en a cherché le point de départ dans la construction de l'arche, de la tour de Babel, du temple de Jérusalem, de Saint-Paul de Londres, de la cathédrale de Strasbourg, de l'église d'un village d'Ecosse nommé Kilwilning; mais tout ceci n'est que de la poudre aux yeux, la poudre de lycopode dont les francs-maçons se servent pour éblouir leurs adeptes : ce sont des motifs de légendes pour un cérémonial qui n'a aucun rapport avec le but à atteindre. Les francs-maçons eux-mêmes sont fort ignorants sur leurs origines et ne s'en occupent guère ; ils voient le but et y marchent, préparant le lendemain sans songer à la veille.
Nous croyons, sans oser l'affirmer, que l'origine de la franc-maçonnerie remonte au douzième siècle, à l'époque où il se forma des compagnies chrétiennes de maçons constructeurs, soumises à des règles presque monastiques et enrichies de bénédictions et d'indulgences, en opposition avec les anciennes corporations, perdues de mœurs, déshonorées par l'immodestie de leurs œuvres, 1'érotisme de leurs pratiques et l'hétérodoxie de leurs croyances. L'histoire nous présente la cathédrale de Chartres comme la première œuvre sortie des mains des nouvelles confréries. Tous ceux des membres des anciennes agrégations qui ne se sentirent pas le courage d'entrer dans les nouvelles, ou qui n'en furent pas jugés dignes, restèrent en dehors, sous le nom de maçons libres, c'est-à-dire non agrégés , le mot se trouve, dès cette époque ou peu après, dans les langues italienne, française, anglaise et allemande, et formèrent entre eux des corporations secrètes qui continuèrent les traditions de leur déplorable passé, dans leurs œuvres architectoniques encore un siècle ou deux, dans leurs mœurs toujours.
Quoi qu'il en soit de cette déduction, qu'il serait facile d'appuyer d'une multitude de données historiques, il est certain qu'une franc-maçonnerie secrète existait en Angleterre au commencement du xv siècle. On en a la preuve dans une pièce de la bibliothèque bodlyenne, mise en lumière par le célèbre Locke : c'est un interrogatoire que Henri IV encore mineur fit subir à un franc-maçon, pour s'éclairer sur le but et les moyens de l'association. En 1595, Jean de Vaux, moine de Stablo, poursuivi à Liège pour crime de magie, déclare à ses juges qu'il y a neuf loges dans la contrée, affiliées les unes aux autres et soumises à une loge suprême, où se tiennent les diètes générales, composées des directeurs des antres loges. C'est bien là la franc-maçonnerie telle que nous la verrons apparaître ensuite au grand jour.
Qu'elle se fût recrutée précédemment des débris de l'ordre du Temple, principalement en Ecosse et en Angleterre, où les chevaliers furent traités avec tant de bénignité, malgré le scandale si avéré de leurs mœurs, il est probable, et plus apparent encore que les nouveaux associés transformèrent l'œuvre et lui imprimèrent une nouvelle direction, tout en conservant son nom. Cependant il est impossible d'en établir la preuve, et les pièces qu'on a publiées depuis un siècle pour servir de filiation et de titres d'origine , sont des pièces fabriquées à plaisir. Quoi qu'il en soit, lorsque la franc-maçonnerie se montre au grand jour, au commencement du dix-huitième siècle, elle est toute templière dans ses légendes, ses usages, son langage et ses formes.
Par Abbé Lecanu - Publié dans : Démonologie
source