9/4/2011 – 12h15 GUERLESQUIN/GWERLESKIN (NOVOpress Breizh) - La bière est-elle devenue aujourd’hui un produit politique ? Question farfelue à priori. Pas pour la brasserie bretonne An Alac’h, qui vient de signifier à l’association Ti-Breizh qu’elle refuserait d’honorer toute commande de sa part. Pour des raisons politiques.
Interdite à Ti-Breizh ?
Installée à Huelgoat dans le Finistère, en plein cœur des Monts d’Arrée, la brasserie An Alarc’h (« le cygne », en breton) élabore ses bières selon la tradition anglaise des real ale. Des bières de fermentation haute avec une dernière fermentation en bouteille sur levure, réalisées avec des ingrédients issus du commerce équitable. Tirées à la pompe, méthode traditionnelle qui a pour avantage de supprimer le CO2 et donc de ne pas en altérer le goût, les bières brassées par An Alac’h sont de grande qualité, raison pour laquelle l’association identitaire Ti-Breizh les achète depuis plusieurs années. Et jusque-là sans difficulté.
Cette année, alors qu’il téléphonait à la brasserie d’Huelgoat pour passer une commande, le responsable de l’association a eu la grande surprise de s’entendre répondre par son interlocuteur que celle-ci ne serait pas honorée « pour divergences politiques ».
Ti-Breiz adressait alors un courriel à la brasserie d’Huelgoat pour lui rappeler de façon très détaillée les conséquences judiciaires d’une telle attitude. Les refus de vente ou de prestations de service pour des raisons politiques sont en effet considérés comme discriminatoires aux termes de l’article 225-1 du Nouveau Code Pénal, et punissables par des peines prévues à l’article 225-2, soit deux ans d’emprisonnement et 30 489,80 € (200 000 FF) d’amende. Un courriel resté à ce jour sans réponse.
Interrogé par NOVOpress Breizh, un responsable de la brasserie An Alac’h a confirmé qu’il n’envisageait pas de répondre favorablement à une commande émanant de Ti-Breizh : « C’est une question politique… On n’est pas du tout d’accord avec eux… Certaines associations sont à l’opposé de ce qu’on pense… Ils sont d’extrême droite… ». Et s’il s’agissait d’une association d’extrême gauche ? « Il n’y aurait pas de problème… » reconnaît volontiers le brasseur. Qui admet par ailleurs que cette position est loin de faire l’unanimité au sein de la SCOP (Société coopérative ouvrière de production).
De son côté l’association Ti-Breizh indique qu’elle décidera rapidement des suites à mener à cette affaire : « Une chose est sûre, il est hors de question de laisser des entreprises se comporter de cette façon à notre égard. Le retour de bâton risque d’être difficile à gérer pour les dirigeants de cette SCOP. » Affaire à suivre.
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